L’Europe à la rame

Une traversée de l’Europe sur ses cours d’eau, pour observer et étudier les milieux aquatiques terrestres

Du 1er mai au 18 juin 2023, le rameur Christophe Gruault a parcouru plus de 2000 km de Varsovie (Pologne) à Paris (France) sur les cours d’eau en continu. Les observations, clichés et prélèvements d’eau qu’il a réalisés visent à établir un état des lieux de la santé des écosystèmes aquatiques terrestres.
Cette expédition, conçue et réalisée avec la Fondation Iris, a également pour objectif de montrer que l’eau n’est pas seulement une ressource, mais aussi un milieu de vie pour une foule d’êtres vivants. Et de susciter l’engagement de jeunes élèves en faveur de la préservation des rivières et de l’eau douce.
L’Europe à la rame a été conçue comme une expédition non intrusive, celle d’un simple rameur qui glisse sans bruit au cœur de l’intimité des rivières. L’embarcation de Christophe Gruault, un prototype de yole en carbone, est équipée d’un système d’avirons inversés et rétractables, qui permet de naviguer en regardant devant soi et de s’approcher au plus près des berges. Au cours de son périple de 49 jours, sur 22 cours d’eau différents, Christophe a ainsi pu être le spectateur privilégié des milieux aquatiques d’eau douce.
2023 Kilomètres parcourus
5 pays et 22 cours d'eau traversés
49 jours de rame
7 heures de rame par jour, 10H sur l'eau
86 prélèvements d'eau pour les scientifiques
400 heures de film et d'observations
6 étapes pédagogiques avec les écoles partenaires
350 ÉLÈVES SENSIBILISÉS AUX PROBLÉMATIQUES DE L’EAU ET DE LA POLLUTION

LE PROGRAMME SCIENTIFIQUE

Dans quel état sont les rivières ? Les marais, les zones humides ? Les aménagements ont-ils pris le dessus sur les berges sauvages ? Ont-ils barré les migrations des poissons ? Quelles sont les pollutions ? Quel est le poids de l’agriculture, des villes, des industries ? Telles sont les questions qui ont guidé le projet l’Europe à la rame. Car au-delà de son caractère sportif et insolite, l’expédition offre une magnifique occasion de faire l’état des lieux de la biodiversité de 22 cours d’eau sur une grande partie de l’Europe, grâce à des observations et prélèvements sur le terrain, dans une période de temps réduite et dans des configurations très diverses (sites naturels ou industriels, fréquentés ou non, etc.).

Cinq programmes de recherche au sein du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) ont ainsi été dès le départ associés à l’expédition :

  • l’étude des perturbateurs endocriniens et des microplastiques (Jean-Baptiste Fini)
  • l’étude des populations de bivalves, marqueurs de la qualité des cours d’eau (Vincent Prié)
  • l’étude des poissons migrateurs et l’impact des aménagements humains (Eric Feunteun)
  • l’étude des populations de libellules, marqueurs de la naturalité d’un site (Romain Garrouste)
  • l’étude de l’évolution des pratiques culinaires associées aux ressources comestibles des milieux d’eau douce (Christophe Lavelle)

L’Europe à la rame : les programmes de recherche

Prélèvements et observations

Durant son périple de 49 jours, Christophe Gruault a réalisé :

  • des prélèvements d’eau, en amont et en aval des villes, pour déterminer leur rôle polluant ou dépolluant ;
  • des filtrations d’eau, pour obtenir l’ADN environnemental, c’est à dire les traces d’ADN laissées dans l’environnement par tous les organismes vivants via leurs urines, leurs salives, leurs mucus… (dit ADNe). Avec un focus sur l’ADNe des mollusques et poissons ;
  • des observations, clichés et relevés GPS des odonates (libellules) rencontrées.

LE PROGRAMME PÉDAGOGIQUE

Comprendre le cycle de l’eau et sa nature transfrontalière, retrouver l’histoire et la culture du fleuve, observer la vie des rivières, renouer des relations saines avec l’environnement, adopter les bons gestes du quotidien, s’engager… tels sont les thèmes des divers supports et activités proposés dans le cadre du programme pédagogique déployé par la Fondation Iris auprès des écoles partenaires en France et en Europe (établissements francophones relevant de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger).

Depuis septembre 2022, près de 350 élèves ont été directement impliqués par le biais de webinaires, de prélèvements d’eau pour la science participative, d’ateliers pédagogiques, d’actions de ramassage des déchets sur les berges, d’initiation à l’aviron ou encore de moments d’échanges avec Christophe Gruault lors des étapes de son parcours.

REPORTAGES PHOTO

Les deux photographes naturalistes de l’expédition, Magnus Lundgren et Staffan Widstrand, ont exploré les milieux d’eau douce européens pour sensibiliser à la beauté de ces écosystèmes fragiles.

Départ de Varsovie

Delta de l’Oder

Vallée de la Havel

Callée du Waal, du Rhin, de la Meuse

Vallées de l’Oise, de la Meuse et de la Sambre

Arrivée à Paris

LES RÉSULTATS

Pollution visible et invisible

Depuis la Belgique jusqu’à l’arrivée à Paris, Christophe Gruault a observé de nombreux déchets plastiques flottants et poissons morts. Autre surprise désagréable du voyage : la pollution chimique très odorante détectée en pénétrant dans l’Oise.

L’analyse des prélèvements d’eau par l’équipe de Jean-Baptiste Fini a d’ores et déjà permis de :

  • doser les résidus de médicaments et de pesticides ;
  • mesurer les effets des polluants sur la voie oestrogénique, androgénique et thyroïdienne (perturbateurs endocriniens) ;
  • déterminer le rôle polluant ou dépolluant des villes.

Une analyse complémentaire est en cours concernant les micro-plastiques.

Biodiversité et naturalité

Christophe Gruault a débuté son expédition dans des lieux très sauvages en Pologne. Là-bas, il a pu assister avec le chercheur Romain Garrouste au « réveil des libellules » alors que pointait le printemps. L’Allemagne lui a offert deux visages : sur la rivière Havel, il a navigué à travers une zone qui a fait l’objet d’un grand programme de renaturation ces dernières années et qui est désormais le refuge de nombreuses espèces. Mais plus à l’ouest, l’empreinte de l’Homme est omni-présente avec des berges bétonnées, de nombreux sites industriels et des péniches de fret de plusieurs milliers de tonnes. Aux Pays-Bas, il a découvert des zones réensauvagées qui ont vu le retour des prédateurs, tels les aigles ou les loutres. Triste contraste avec la Belgique et la France, où les oies bernaches, les loutres et les libellules évoluent au milieu d’amas de déchets plastiques.

L’analyse des échantillons d’ADNe par l’équipe de Vincent Prié et Eric Feunteun a permis d’identifier les espèces de poissons et de bivalves présentes dans les différents cours d’eau. 

Ressources comestibles et restauration
engagée

Poissons, batraciens, mollusques, crustacés… Le projet a été l’occasion d’enquêter sur les traditions culinaires associées aux ressources comestibles des milieux d’eau douce et sur les pratiques éco-responsables pour l’avenir, comme mettre au menu des espèces invasives.

20 écoles hôtelières en France ont été invitées par le chercheur Christophe Lavelle à travailler autour des ressources disponibles localement et à proposer des recettes à base de produits issus de l’eau douce.

Les élèves poursuivront leurs travaux tout au long de l’année scolaire 2024-2025.

L’ÉQUIPE

Expédition
Christophe Gruault
Jean-Marc Fage
Cha Gruault

Sciences
Christophe Lavelle
Jean-Baptiste Fini
Eric Feunteun
Vincent Prié
Romain Garrouste

Pédagogie
Florence Léchat-Taréry

Support & Coordination
Françoise Brenckmann
Frédérique de Kervasdoué
Denis Duclos

Médias & Communication
Grégoire Chéron
Marie Dormoy

Photos
Magnus Lundgren
Staffan Widstrand

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La Fondation Iris soutient la préservation des sites naturels et de la biodiversité, promeut la recherche et les expéditions scientifiques pour l’acquisition de savoirs sur les espèces, les écosystèmes et les solutions pour enrayer les déséquilibres. Elle encourage également les actions de sensibilisation et d’éducation à la nature.